

Pourquoi BMCE Bank a des visées sur la City?- 27/12/2007
Pourquoi BMCE Bank a des visées sur la City?
· D’abord Londres. Paris, Madrid et Dubai dans une prochaine étape
· Un pôle de gestion privée et asset management bientôt à Paris
MediCapital Bank intervient depuis quelques mois sur le marché britannique. La filiale du groupe BMCE Bank opère non seulement dans les métiers de la banque commerciale, les activités de conseil mais aussi dans les marchés financiers. Dans cet entretien, Eric Aouani, DG et président du conseil exécutif, revient sur les enjeux de cette implantation.
- L’Economiste: MediCapital Bank semble avoir de nouvelles ambitions...?
- Eric Aouani: Tout d’abord, je rappelle que MediCapital Bank est la réponse stratégique articulée sur quatre axes importants concernant le développement à l’international et la volonté de notre président pour faire du Groupe BMCE une des principales banques «corporate, d’investissement et de marchés» de référence en Afrique. Le premier axe porte sur la volonté de disposer de capacités de distribution internationales de transactions (capital/mezzanine/dette) en Afrique. Il y a aussi la nécessité d’attirer des ressources humaines compétentes pour structurer ces transactions (elles sont essentiellement présentes en Europe). Par ailleurs, il était important pour nous de construire un réseau de banques corporate et d’investissement, différencié du réseau international banque de distribution. Enfin, nous avons jugé nécessaire de redéfinir les rôles assignés historiquement à BMCE Paris et BMCE International Espagne dans le cadre de leur intégration au réseau MediCapital Bank. MediCapital Bank sera ainsi le siège pour l’ensemble des activités de banque corporate et d’investissement hors Maroc.
Nos expériences passées et présentes en Afrique (Tunis, Dakar, Mali, Congo Brazzaville) nous confortent quant à l’idée que nous pouvons faire de l’Afrique une stratégie gagnante pour notre groupe. L’engouement des grandes banques d’affaires et des investisseurs pour l’Afrique depuis quelques mois renforce encore plus notre conviction. Nous avions entamé ce projet, il y a près de trois ans. Nous sommes opérationnels au bon moment. Le timing est parfait, et nous le devons à la vision de notre président qui a cru en ce projet africain à un moment où l’Afrique était alors loin d’être à la mode.
- Pourquoi dans un premier temps avoir choisi la City de Londres?
- Deux options étaient possibles, Paris ou Londres. En fait, nous avons retenu les deux places. Londres abrite les métiers de «corporate banking et de financements structurés» ainsi que les métiers de marchés financiers et abritrera aussi le siège de la banque, tandis que MediCapital Bank Paris assurera la responsabilité des métiers de conseil, de la supervision du réseau de banques d’affaires en Afrique, ainsi que l’exécution des métiers de Trade Finance classique. Par ailleurs, un pôle gestion privée et asset management sera ultérieurement développé à partir de Paris. Enfin, MediCapital Bank Espagne continuera à assurer son rôle de développement des relations d’affaires entre l’Espagne et l’Afrique. Elle le fait déjà aujourd’hui avec l’Afrique du Nord ainsi que certains pays du Moyen-Orient. Nous avons choisi d’abriter le siège de la banque à Londres parce qu’il s’agit d’une véritable place financière, où sont regroupés les sièges européens de la plupart des banques d’affaires et de marché du monde. Londres dispose également d’une reconnaissance mondiale plus importante que Paris ou Frankfort.
- Comment comptez-vous gérer les participations en Afrique?
- Il me semble important de préciser que le Groupe BMCE entend se déployer à ce stade avec 3 marques bien distinctes:
La marque BMCE (Bank et Capital) pour la clientèle au Maroc (dont les MRE font partie). La marque Bank of Africa pour les activités de Banque Retail en Afrique. Et enfin, la marque MediCapital pour le réseau de banques corporate, d’investissement et de marchés financiers en Europe, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique et en Afrique, hors Maroc.
C’est ce troisième réseau qui sera piloté par MediCapital Bank. Il est constitué de son siège de Londres, de la succursale parisienne de BMCE Bank qui sera transformée en une succursale de MediCapital Bank début 2008, de la filiale espagnole de BMCE Bank qui sera également transformée en succursale MediCapital Bank au premier semestre 2008, des filiales actuelles de BMCE Capital en Afrique (Tunisie, Sénégal et Cameroun) qui seront transformées en filiales de MediCapital Bank. D’une succursale de MediCapital Bank qui est en cours de consitution au Dubaï International Financial Center («DIFC»). De filiales et bureaux de représentation dans trois nouveaux pays en Afrique (Angola, République Démocratique de Congo, et Mauritanie). De banques d’affaires en joint-venture avec Bank of Africa (60% MediCapital et 40% Bank of Africa) dans les 4 principaux pays ou Bank of Africa a une présence de banque commerciale (Côte d’Ivoire, Kenya, Maurice, Madagascar).
Cela signifie que le réseau propre de MediCapital Bank de banque d’affaires couvrira dans les mois/années à venir 16 pays dont 11 en Afrique avec une marque unique MediCapital.
- Quels sont vos cibles prioritaires?
- Nous souhaitons être une banque qui permet aux entreprises africaines de lever des capitaux (capital et dette) sur les marchés internationaux pour des tailles de transaction moyennes (entre 50 et 400 millions de dollars). En outre, la compétition des grandes banques est trop forte, et celle des banques domestiques également. Notre positionnement intermédiaire est rendu possible par le mix présence européenne/présence locale qui nous confère une structure de coûts hybride et une réelle double connaissance des milieux d’affaires.
Mais nous ciblons également les entreprises et les investisseurs internationaux qui souhaitent investir en Afrique. Cela prendra un peu plus de temps. Enfin en termes de géographie, nous privilégierons les pays où nous avons un avantage compétitif par une présence sur le terrain.
- A quel horizon estimez-vous atteindre la vitesse de croisière?
- Je n’aime pas vraiment le terme «croisière» qui laisse entendre que le développement est fini, et que la gestion en pilote automatique commence! Non, nous ne serons jamais en vitesse de croisière. Nous entendons progresser et je préférerai parler alors parler «d’accélération de croisière». Maintenant, si votre question fait référence à la date à laquelle MediCapital représentera en part de résultat du Groupe sa quote-part des fonds propres, je pense que ce sera le cas en 2009.
A la question, de l’impact de MediCapital Bank sur le résultat du groupe, Eric Aouani demeure pragmatique. Pour lui, MediCapital Bank ne consomme pas plus de fonds propres que les succursales françaises ou espagnoles en consomment aujourd’hui. Donc, tout ce qui se fera en plus de ce qui était produit auparavant sera du bonus pour BMCE Bank.
De façon plus économique, MediCapital Bank consommera environ 12% des fonds propres de BMCE. Elle devrait donc représenter à terme au minimum 12% du résultat opérationnel net du groupe ce qui sera notablement supérieur à la contribution historique des succursales internationales existantes.
Source : L'Economiste 26/12/2007